RP Xiaoyan

Le sol tremble. Dans cet espace infini où tu te trouves, un paysage de roches et de sable, tu peux sentir les vibrations dans chaque fibre de ton corps, qui n'annoncent rien de bon, tu le sais. Sans te souvenir précisément pourquoi, tu le sais et quelque chose s'éveille en toi. Un sentiment qui ne t'est généralement pas familier : la peur. Plus que ça, la terreur, lorsque tu aperçois une brume noire fondre sur toi. Ton sang se glace. Ton esprit te crie de bouger, d'esquiver cette masse grouillante qui va s'abattre. Tu le peux, tu connais tant de façon d'esquiver, cela est encré en toi depuis que tu apprends à maîtriser ton élément, depuis toujours. Mais ton corps ne t'appartient plus, il n'écoute que cette peur qui le paralyse et plutôt que d'affronter ce qui se cache au cœur de cette obscurité en mouvement, tu fermes les yeux. Quand elle te percute, tu le sens, ta peau se déchirer, tes entrailles êtres malmenées. Tu es projeté, mais jamais tu ne retombes sur un sol dur, seulement dans les ténèbres en une chute sans fin, avec la détresse pour seules compagne…


Le réveil est brutal, à l'image de ton cauchemars, ton esprit alerte, avant de se laisser porter par l'épuisement émotionnel. Alors que tu ouvres doucement les paupières, la lumière du jour agresse tes iris et par réflexe, tu lèves la main pour te frotter les yeux, en chasser l'humidité qui commence à poindre. Tu as à peine entamé ton geste, ton bras se soulevant seulement de quelques centimètre de la surface où tu es allongé, que tu sens la douleur vriller tout ton corps, comme un immense hématome, jusqu'à se concentrer sur certaines zones. Le bras gauche pour commencer, puis la jambe droite et, le plus virulent de tous, ton flan gauche. La douleur ne t'est pas inconnue, elle a l'avantage de te rappeler que tu es vivant, que tu as survécu à la bataille. La bataille… Te recentrant sur tes souvenirs, les détails te reviennent. La charge des rhino-komodos, la corne entrant dans tes chairs, toi essayant de rejoindre Zhihao, mais finissant entre les mains des soigneurs, vidé de ton énergie et incapable de faire quoique ce soit. Tu te souviens que l'on t'a fait boire une mixture à la fois douce, sucré et immonde, puis… plus rien jusqu'à maintenant.

Tes pensées s’emballent en un milliers de questionnements pour les tiens, l’inquiétude s'installe en même temps que ton esprit prend peu à peu conscience de la situation. Qu’en est-il de Zhihao ? Et de ton frère, de ta mère et de tes pères ? De Yichun ? Qu’elle est l’issue de la bataille ? Et… et où te trouves-tu à présent ?

Tu tournes la tête, ça au moins, tu peux le faire sans serrer les dents, pour observer ton environnement, la pièce dans laquelle tu te trouves et ton regard tombe sur cette silhouette familière, si digne et fière, même sous le poids des tourments qui se devinent sous des petits riens, que seul un proche peut reconnaître. Xiaoyan. Xiaoyan est vivant. Malgré le soulagement que cela t'apporte, tu ne peux t'empêcher de tendre la main pour saisir la manche de son hanfu - la douleur que cela entraîne, tu la supportes - pour t'assurer qu'il est bel et bien là, que ce n'est pas un nouveau cauchemars qui le fera disparaître dans une brume ténébreuse. Tu souris faiblement, tente de dire son nom, mais seul un son rauque et inaudible passe tes lèvres. Depuis combien de temps es-tu inconscient au point d'avoir la gorge déshydratée ? Quelle mixture t'a-t-on fait boire pour t'assommer ? Frustré, tu déglutis et essaie de nouveau, car tu as des questions à poser, tu veux savoir comment vont les autres. Mais le second essaie n'est pas mieux, tes cordes vocal râpant l'une contre l'autre, entraînant une quinte de toux lorsque tu insistes. Tu te redresses, ton corps protestant contre la douleur et frénétiquement, tu cherches du regard quelque chose qui pourrait soulager cette toux. Un pichet, un verre d'eau, qu'importe.